Hausse continue de la précarité alimentaire : lancement de l’Observatoire 2025 des épiceries solidaires, une analyse inédite sur le rôle central des épiceries solidaires

Aujourd’hui, un Français sur six ne mange pas à sa faim. Selon le Crédoc, la proportion de Français touchés est passée de 12 % à 16 % entre juillet et septembre 2022, un bond historique après une hausse de seulement 3 % entre 2016 et 2022 (source). Conséquence des crises économique, climatique et sociale qui continuent de frapper le pays, ce niveau alarmant d’insécurité alimentaire ne semble pas sur le point de décroître.

Dans ce contexte tendu, aggravé par la multiplication et l’accélération des crises, les épiceries solidaires du réseau Andès apparaissent comme une solution d’aide alimentaire humaine et pragmatique. Elles préservent la dignité des bénéficiaires en leur offrant la possibilité de choisir et de régler leurs courses, et les aide ainsi à s’alimenter plus sainement et à reprendre la main sur leur vie et leur avenir.

Pour mieux comprendre et valoriser ce modèle, Andès, l’association nationale des épiceries solidaires, qui regroupe près de 620 adhérents, publie l’Observatoire des Épiceries Solidaires 2025.

Fruit d’une enquête approfondie menée auprès de 285 structures adhérentes, ce document stratégique de 50 pages met en lumière des données clés sur leur fonctionnement, leur impact et leur rôle indispensable face à la précarité alimentaire et aux grandes difficultés économiques que subissent leurs bénéficiaires.

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L’Observatoire des Épiceries Solidaires 2025 : des données inédites pour éclairer un modèle d’aide alimentaire dynamique

Andès, réseau national des épiceries solidaires, dévoile son Observatoire 2025, une étude de 50 pages qui décrypte les transformations, défis et impacts de ces structures dans un contexte de précarité alimentaire croissante.

S’appuyant sur des données recueillies auprès de 285 épiceries, cette analyse dresse un portrait détaillé d’un modèle d’aide alimentaire en constante évolution, à la fois résilient et sous tension.

Voici les 4 principaux enseignements issus de cette étude :

1. Une forte hausse de la précarité alimentaire et une croissance accélérée du réseau Andès

Face à une précarité alimentaire exacerbée par les crises sanitaire, économique et climatique, le réseau Andès a connu une expansion sans précédent pour répondre à des besoins grandissants. En cinq ans, le nombre d’épiceries solidaires a augmenté de 40 %, passant de 380 structures en 2019 à 619 en 2024.
Cette croissance s’est accompagnée d’une diversification des modèles d’épiceries pour mieux répondre aux attentes spécifiques des publics : les épiceries étudiantes ont été multipliées par 2,5 (de 22 à 54), tandis que le nombre d’épiceries itinérantes et mixtes a triplé, respectivement de 15 à 43 et de 13 à 37. Ce développement reflète également l’engouement des municipalités et associations pour ce modèle d’aide alimentaire, qui préserve la dignité des bénéficiaires en leur permettant de choisir et de régler leurs courses.

2. Une offre de qualité malgré des contraintes économiques croissantes

Malgré une baisse significative des dons alimentaires et le poids de l’inflation, les épiceries solidaires parviennent à maintenir une offre diversifiée et qualitative. 30 % des produits proposés sont des fruits et légumes frais, et 28 % des protéines et produits laitiers, essentiels pour garantir une alimentation équilibrée.
Les épiceries s’inscrivent également dans une dynamique durable : 7 sur 10 proposent des produits bio et 6 sur 10 s’approvisionnent auprès de producteurs locaux. Cependant, les tensions économiques pèsent sur leur fonctionnement : 66 % des approvisionnements proviennent d’achats, contre seulement 34 % issus de dons. Cette dépendance accrue aux achats est renforcée par une chute de 29 % des dons collectés auprès de la grande distribution entre 2022 et 2023.
Dans ce contexte, les six plateformes logistiques d’Andès – et leurs 240 salariés en insertion annuels – jouent un rôle crucial, en contribuant à l’approvisionnement de 42 % des épiceries.

3. Des bénéficiaires en grande précarité alimentaire et financière

Les bénéficiaires des épiceries solidaires illustrent une réalité sociale marquée par la précarité. Près de 50 % d’entre eux ont moins de 25 ans, et 37 % sont en emploi, en études ou en formation. Cependant, plus de 75 % des bénéficiaires salariés occupent des contrats précaires (CDD, intérim, contrats aidés), rendant difficile l’accès à une alimentation suffisante et saine.
Avec un reste à vivre quotidien moyen compris entre 1,20 € et 10 €, la majorité des bénéficiaires doit faire des choix financiers drastiques. Pour répondre à ces besoins, les épiceries appliquent un taux de participation financière moyen de 20 %, permettant aux bénéficiaires d’acheter leurs produits à une fraction de leur valeur marchande. 70 % des structures encouragent également leurs clients à affecter les économies réalisées à des projets personnels, comme le règlement de dettes ou l’amélioration durable de leur alimentation.

4. Un modèle résilient mais sous tension

Malgré la demande croissante et les contraintes économiques, les épiceries solidaires restent dynamiques et adaptables. Près de 23 % des structures signalent toutefois une fragilité, liée à la hausse des prix et à la saturation de leurs capacités d’accueil, alors que deux tiers fonctionnent déjà à pleine capacité.

Le modèle économique repose principalement sur des subventions publiques, représentant 69 % du budget moyen des épiceries, complétées par 23 % d’auto-financement via les ventes dans l’épicerie et 8 % issus de dons financiers. Les ressources humaines restent un défi : avec 2,4 salariés en moyenne par épicerie et un fort appui sur les bénévoles (17,5 en moyenne par épicerie), les structures peinent de plus en plus à recruter de nouveaux volontaires, notamment dans les territoires enclavés.

Cette résilience face aux tensions témoigne du rôle clé des épiceries solidaires dans la lutte contre la précarité alimentaire et de leur capacité à s’adapter aux enjeux économiques et sociaux actuels.

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© Andès – Isabelle Vieux

Une diversité de modèles pour répondre à des besoins spécifiques

L’Observatoire met également en lumière trois modèles spécifiques d’épiceries solidaires, qui enrichissent la palette des solutions proposées :

  • Épiceries solidaires étudiantes : en réponse à la précarité croissante des jeunes, ces structures sont principalement gérées par des bénévoles et fonctionnent avec des budgets souvent inférieurs à la moyenne nationale ;
  • Épiceries solidaires mixtes : ces épiceries accueillent à la fois clients bénéficiaires et clients solidaires, renforçant ainsi le lien social et l’inclusion. Elles disposent souvent de budgets supérieurs à la moyenne, ce qui leur permet de développer des projets plus ambitieux ;
  • Épiceries solidaires itinérantes : desservant principalement les populations rurales ou isolées, ces structures mobiles disposent d’un budget généralement plus élevé que la moyenne pour répondre aux contraintes logistiques spécifiques.

Cette diversité de pratiques illustre la capacité d’innovation et d’adaptation des épiceries solidaires, qui se positionnent comme des acteurs clés de l’aide alimentaire, dans des contextes variés – des grandes villes aux zones rurales – ainsi que pour des profils et des besoins variés.

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Andès, un réseau structurant pour les épiceries solidaires en France métropolitaine et en Outre-mer

Créée en 2000 pour répondre aux enjeux liés à une précarité alimentaire croissante, l’association fédère près de 620 structures autour d’un objectif commun : redonner de l’autonomie et de la dignité à leurs bénéficiaires, tout en leur permettant d’accéder à une alimentation choisie et saine, centrée notamment sur une forte proportion de fruits et légumes frais.

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© David Buisine

Un modèle d’aide alimentaire fondé sur la liberté de choix, la participation et le lien social

Contrairement aux modèles d’aide alimentaire distributifs, les épiceries solidaires fonctionnent comme des commerces de proximité classiques. Elles permettent à leurs bénéficiaires de choisir leurs produits, dans un cadre qui préserve leur dignité, tout en leur offrant un accompagnement social. Sans oublier qu’elles sont aussi des lieux de vie où se créent des opportunités d’échange, de formation et de convivialité.

Un outil stratégique pour l’avenir

En consolidant et en décryptant des données inédites sur les pratiques, les ressources et l’impact des épiceries solidaires, l’Observatoire 2025 représente un outil essentiel pour améliorer les réponses aux attentes des bénéficiaires ainsi que pour éclairer les politiques publiques, susciter l’intérêt des partenaires privés, et renforcer la coopération entre les différents acteurs de l’aide alimentaire.

Des objectifs clairs pour renforcer l’impact des épiceries solidaires

Avec l’Observatoire 2025, Andès réaffirme sa mission de valoriser l’expertise et l’impact des épiceries solidaires, et de relayer leurs demandes en les représentant sur le plans national et régional.

Ce document stratégique vise ainsi à souligner l’ampleur des besoins des épiceries solidaires auprès des pouvoirs publics et des financeurs privés, tout en sensibilisant le grand public à leur importance.

En renouvelant l’Observatoire tous les deux ans, Andès entend suivre de près les évolutions du secteur et anticiper les besoins des populations en situation de précarité alimentaire. Cette démarche s’inscrit dans une vision à long terme, visant à faire des épiceries solidaires un pilier incontournable de l’aide alimentaire en France, non par choix, mais par nécessité.

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