Le guitariste Raymond Boni et le percussionniste Gilles Dalbis aiment à nous raconter des histoires, dans une envie sans cesse renouvelée de partage. Cette fois-ci, ils nous emmènent sur la Lune, Sélène, après un premier album en duo remarqué. Pourquoi pas ?
Faut-il alors dans ce nouveau disque en attendre les crépuscules, les zones d’ombre, un négatif ? Pas tout à fait. Ce sont plutôt les rêves nocturnes, ou les rêves d’ailleurs, ou les épopées mythiques que l’on écoute à la veillée, autour du feu, près d’un maquis, en vue de la mare nostrum trop étale qui, elle aussi, les écoute.
Dans ce nouvel album “Sélénites – One Kenichi Dream” (édité sous le label Mazeto Square), ces deux musiciens laissent s’exprimer pleinement leur liberté, leur sensibilité, leur désir de non-conformisme.
La musique de ce duo est une composition de l’instant, une musique improvisée ; en quelque sorte, la musique d’un cri. Avec le temps, leur musique s’étoffe, se précise, s’épure infiniment, se nourrissant d’influences comme le jazz, le free jazz, la musique contemporaine, la musique Flamenca… traçant le lien entre sa propre histoire et celle de la musique en général.
Une plongée au cœur de paysages fantastiques
Ce qui est le plus important, est que l’harmonie entre ces deux musiciens est capable de créer des rythmes et des mélodies qui ne sont plus de l’improvisation en soi, mais une composition intéressante. Quelque chose qu’une musique improvisée devrait être.
HUBERT HEATHERTOES, ASTIPALEA RECORDS
“Sélénites – One Kenichi Dream” ouvre les portes d’un autre univers, qui se donne d’autant mieux à voir que la ligne est claire. La gratte, sèche. Abstraite souvent, mais comme a pu l’être celle de Derek Bailey, parce que motivée par une intention entièrement personnelle. La percussion primale – au sens “d’origine” – avec une batterie Asba à l’os.
Gestes premiers, instinct pur, il s’agit donc toujours de partage, quand des humains se mettent autour du feu pour faire reculer la nuit et élever le son vers Sélène, providence des navigateurs et des égarés.
Raymond Boni, le guitariste, a amené l’harmonica et quelques riffs de blues à la veillée. Ses grands espaces brûlés et brûlants s’adaptent très bien à la poussière de basalte. De même, des traînes de delays font monter une certaine angoisse primordiale, comme du temps de L’Oiseau, l’arbre, le béton.
Et Gilles Dalbis, le percussionniste, comme il le redit souvent, “est dans un état”. Pas forcément musical, c’est plutôt de la danse, des images, les tensions et guérisons, des choses profondément humaines. Ce duo improvise parce que c’est comme ça qu’on vit.
Cette fois, ils partagent leur grand songe, et vous n’aurez pas connu une telle excitation depuis les Aventures du baron de Münchausen.
Ecouter un extrait : https://www.relations-publiques.pro/wp-content/uploads/pros/20190916085245-p4-document-zcfj.mp3
6 pépites musicales
Le monde étrange et envoûtant des sonorités entrecroisées, et les sonorités des différentes cordes. Au pays de la liberté…
DIDIER EPSZTAJN, ENTRE LES LIGNES ENTRE LES MOTS
- Kenichi flies to Selene (15’11)
- Crazy Moon (4’35)
- Selenite Blues (4’14)
- Dancing (5’40)
- Moon Song (5’50)
- Where is Kenichi ? (5’43)
Durée totale de l’album : 41’17.
Portrait de Raymond Boni (guitare, harmonica)
Guitariste improvisateur compositeur français, Raymond Boni est né le 15 mars 1947, à Toulon.
Ce musicien de talent multiplie les rencontres, parfois ponctuelles, avec des instrumentistes avides comme lui d’échanges spontanés et d’improvisation polymorphe. Celles-ci prennent souvent la forme du duo, notamment avec les batteurs percussionnistes comme Éric Échampard, Hamid Drake, Luc Bouquet, Makoto Sato, Didier Lasserre et Gilles Dalbis.
D’une rare longévité, son association avec Joe McPhee se prolonge au fil de différents projets tels que Remembrance (avec le bassiste Michael Bisio) ou le quartet Next to you.
Raymond Boni fait également partie du quartet Mamabaray, du trio à cordes Zany Strings avec Michael Nick et Bastien Boni. Plus récemment, il participe au trio Résolution avec Patrice Soletti et Marc Siffert, ainsi qu’à l’ensemble du Grand 8, et joue aussi en duo avec Sakina Abdou.
Discographie sélective :
- 1971 L’oiseau, l’arbre, le béton, solo (Futura).
- 2012 Family reunion avec M. Petrov, G. Berisha, B. Boni, A. Petrov (Chicken madness).
- 2012 Welcome, solo (Emouvance).
- 2013 Federico Garcia Lorca, avec Violeta Ferrer (Fou-Records).
- 2014 Clameur, avec Raphaël Saint Remy (Emouvance).
- 2016 Soft eyes, avec Didier Lasserre (Improvising Beings).
- 2016 The magic city (Alabama 1985), avec Joe McPhee (Trost Jukebox Series).
- 2017 Improvisations : 8 pièces pour guitares et batterie percussions avec Gilles Dalbis.
Portrait de Gilles Dalbis (percussions)
Compositeur batteur et percussionniste français, Gilles Dalbis est né le 16 septembre 1953, à Montpellier.
Après des études de piano de l’âge de quatre ans à 14 ans, il débute à la batterie dans divers groupes du Sud de la France. Principalement autodidacte, il étudie aussi à Paris avec Dante Agostini, Daniel Humair et Georges Paczynski. Dès lors, il se consacre à la musique improvisée.
Gilles Dalbis aime à développer des rencontres et créations avec des artistes venus de différents arts d’expression : spectacles avec le texte, la danse, l’image numérique. Il s’attache également à nouer des rencontres sensibles et créations avec des personnes autistes ou des personnes en traitement.
Gilles Dalbis joue sur une batterie vintage Gretsch, également sur batteries ASBA (dont le nouveau prototype 2018 des usines de Lyon), ainsi que sur des matériaux bruts : le bois, la terre, l’eau.
Discographie sélective :
- 1981 L’Eternitat de Marie Rouanet, avec René Bosc, Guy Simon… (Ventadorn).
- 1992 Moments, percussions solo.
- 1997 Traces, percussions solo.
- 2001 Les sons de la terre : la naissance des percussions (L’Entretemps).
- 2006 Quart’ograph, avec Christian Zagaria, Patrice Soletti et Marc Siffert.
- 2012 Maman mamelle de Charles Borrett (Mazeto Square).
- 2013 Métamorphoses avec Pierre Diaz.
- 2017 9 pièces pour un Duo avec Pierre Diaz.
- 2017 Improvisations : 8 pièces pour guitares et batterie percussions avec Raymond Boni.
Informations pratiques
Sélénites : One Kenichi Dream (Raymond Boni & Gilles Dalbis)
Date de parution : 04 Nov. 2019
Label : Mazeto Square
À propos du label Mazeto Square
Depuis 10 ans, le label Mazeto Square produit et distribue des œuvres qui lui semblent nécessaires : des albums pour la jeunesse (contes musicaux), des disques d’artistes et musiciens hors normes (jazz, musiques traditionnelles, chanson française), des rééditions d’œuvres anciennes parfois oubliées… Et bien d’autres curiosités qui, nous l’espérons, susciteront la vôtre.
Pour en savoir plus
Site web : https://www.mazeto-square.com/
Facebook : https://www.facebook.com/MazetoSquare/