Lorsqu’en juillet 2010, Valentin MEJILLONES, le grand prêtre Aymara ayant “couronné” le Président Evo MORALES, sur le site précolombien de Tiwanaku, tombe avec 240 kgs de cocaïne à son domicile, cela sonne comme un coup de tonnerre au sein de la société bolivienne.
Mais une fois le “narco-amauta” rapidement libéré, le ménage va être fait au plus haut niveau de la FELCN, la Brigade des stupéfiants !
Cette anecdote judiciaire symbolise à elle seule, la nouvelle Bolivie de l’ère MORALES, qui durant 14 années est (re)devenue un narco-État aux mains d’une partie des producteurs de la petite “feuille sacrée”, ceux qui alimentent la fabrication et le trafic de cocaïne : les “narcocaleros” du Chapare.
Dans son livre “El Narco-Amauta”, l’ex-flic des stups Jean-François Barbieri partage le fruit de son expérience du terrain pour expliquer comment la Bolivie est redevenue un narco-État.
Cet essai géopolitique passionnant et très documenté se lit “comme un roman”. Il est préfacé par Felix Molina Oblitas, Colonel et Ex-Directeur Général de la FELCN (Fuerza Especial de Lucha Contra el Narcotráfico, l’organisme en charge de la lutte contre le trafic de drogue en Bolivie).
Durant les 14 années de gouvernement Morales, la lutte contre le trafic de drogue en Bolivie s’est faite uniquement pour calmer les organisations internationales et sans déranger les cocaleros du Chapare.
Jean-François Barbieri
Mais comment en est-on arrivé là ?
Selon Jean-François Barbieri, le point de départ de ce revirement de situation trouve sa source dans la guerre menée au début des années 2000 par les Américains et la DEA (l’agence fédérale américaine qui lutte contre le trafic et la distribution de drogues aux Etats-Unis).
Evo Morales, le premier président amérindien qui a pris la tête du gouvernement de Bolivie en janvier 2006 a en effet été contraint, sous la pression populaire, à démissionner et à fuir en novembre 2019.
Depuis, il vit en exil en Argentine d’où il organise son retour en politique.
Dans son livre, Jean-François Barbieri présente le sombre tableau d’un Pouvoir corrompu et devenu autoritaire au fil des ans, lié au narcotrafic qu’il favorisait plus ou moins directement, avec toutes les manipulations, tous les règlements de compte et décisions sectaires prises par un petit comité que l’on pourrait qualifier de mafieux.
Extrait
“Selon la doctrine officielle, le gouvernement d’Evo MORALES recourt alors seulement à l’éradication obligatoire dans des secteurs de croissance excessive et dans les Parcs Nationaux. Ainsi l’ex-viceministre CACERES s’est réjoui du fait qu’il n’y ait pas eu de morts durant les quatorze années de sa gestion. Selon ses dires, l’éradication s’est faite dans le respect des Droits de l’Homme, aucune victime n’étant à déplorer dans le Chapare, au cours des quelques affrontements survenus entre cocaleros et Forces Armées de la FTC en charge de l’éradication. Il faut dire que les policiers et l’Armée cédaient systématiquement aux cocaleros et aux narcos dans cette région dès qu’un problème se posait. Les instructions gouvernementales étaient claires sans être officielles : pas d’affrontements avec les cocaleros du Chapare. Même le Directeur de la FELCN, en poste en 2010, le Colonel Félix MOLINA, un officier formé dans sa jeunesse aux Etats-Unis comme tous les officiers de sa génération, en a fait les frais. Il avait eu l’audace entre autres de déclarer que face à la violence des cocaleros et des narcos, la Police avait aussi des armes et était prête à en faire usage. Jugé trop agressif face aux cocaleros et trafiquants, mais surtout pas assez docile vis à vis du Pouvoir comme nous le verrons, il n’est pas resté en poste très longtemps”. “
A propos de Jean-François Barbieri, l’auteur
Jean-François BARBIERI est un ex-policier antidrogue à Marseille, un temps attaché de Sécurité Intérieure en poste à l’Ambassade de France de La Paz, et désormais passionné par ce pays.
Il a été le témoin privilégié de la dérive d’un pouvoir toujours plus corrompu, qui sous couvert d’une idéologie indianiste et un pachamamisme d’État, a bafoué tous les principes de la démocratie, avant de sombrer en fin d’année 2019.
Dans “El Narco-Amauta”, il décortique le processus politico-sécuritaire lié à problématique de la feuille de coca, et de son dérivé diabolique : la cocaïne.
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Informations pratiques
“El Narco-Armauta” de Jean-François Barbieri
- 148 x 210
- 290 pages
- Prix : 17,50 € (format papier) – 8,99 € (format e-book)
Pour en savoir plus
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