Beaux Livres : “Paysâmes” de Johanne Gicquel, le regard d’une ex-paysanne sur les femmes qui ont épousé la terre

Un livre de clichés et de mots mêlés 

Du texte (conjugué au « je ») pour raconter des femmes ayant épousé la Terre (bretonne).
Des clichés (pas clichés). Du noir et du blanc pour dire les gris de la vie, raconter la vie dans les campagnes, raconter celles qui ont fait le choix (exigeant) de nourrir les autres.

“Paysâmes” est un livre singulier et hors-du-temps, qui sonne à voir toutes ces “invisibilisées” qui “font”, en pensant les Autres, en pensant la Planète. Ici, ce sont des femmes qui ont fait le choix – exigeant- de nourrir les autres.

Un univers que Johanne Gicquel connait bien, pour avoir été, elle aussi, paysanne. Ses textes, entre coups de gueule et chansons d’amour, disent la vie tout court.

Préfacé par la romancière et poétesse Marlène Tissot, ce livre donne à voir en 10 portraits 11 femmes, enrichis par les 2 poèmes de Yann Morel et 1 complémenterre qui fait écho avec l’actualité en apportant des éléments de connaissance et de compréhension du monde agricole.

L’idée n’est pas de sacraliser – parce que tout est toujours complexe, parce que rien n’est simple – mais d’apporter un regard humain sur d’autres humains. Car en matière d’agriculture, tout est blanc ou noir (soit les paysans sont accusés d’être des pollueurs, soit ils sont encensés). Bref, si le choix a été fait du noir et blanc, c’est aussi pour dire tous les gris de la vie.

Johanne Gicquel

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Un livre pour les femmes et pour les hommes (les leurs ou pas)

Paysâmes s’adresse à tous ceux qui veulent savoir ce qu’il y a dans leurs gamelles (celle des animaux et la leur).

Aux amoureux des bêtes à poils ou à plumes (les bêtes).

Aux Bretons, ceux d’ici et d’ailleurs, ceux de cœur.

A ceux qui aiment le pain (et les boulangères).

A ceux qui aiment les petites histoires (et la grande aussi).

Aux jeunes (ou pas) qui veulent épouser la Terre, pour un temps ou pour toujours (le temps d’un mariage ne se décrète pas).

A ceux pour qui le bonheur est dans le pré (et qui en oublient la gadoue).

A celles et ceux en devenir (en pensant à leur planète).

Paysâmes est un livre très personnel, que Johanne a mené d’un bout à l’autre : photographies, textes (hors 2 poèmes de Yann Morel), maquettage. Pour être libre du contenu du livre, de la forme, du fond. Car derrière la simplicité du propos, du ton adopté direct, c’est l’agriculture qui est interrogée (ses enjeux, locaux, nationaux, environnementaux, sociaux, …) – sujet ô combien polémique. A juste titre, on le comprendra dans le livre.

Et parce qu’elle a été 10 ans les mains dans la pâte et les pieds dans la terre, parce qu’elle a grandi dans ce milieu – rural, rude parfois, misogyne plutôt -, elle en est arrivée à se dire : oui, un livre sur l’agriculture, la vie des champs (il était dans sa tête depuis 12 ans) s’impose mais un livre qui donne à voir des femmes, des faiseuses. Pour croiser le regard.

Au-delà des portraits, la partie complémenterre du livre retrace 60 ans d’agriculture, depuis l’après-guerre. Un contenu qui montre pourquoi ce monde est devenu hyper-intensif et productiviste en région Bretagne, tout particulièrement.

Comprendre hier, pour saisir aujourd’hui et dessiner demain.

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Une démarche artistique affirmée

Le style de Johanne est atypique et multi-facettes, à son image.

Au niveau de la photographie, elle refuse les poses et les artifices. Ses clichés sont pris sur le vif, pour mieux refléter la vérité des conditions de travail de celles qui le font. Ils sont donc une valeur ethnographique. Avec, toujours, une grande exigence au niveau du graphisme.

L’écriture s’inscrit quant à elle sur plusieurs registres, entre textes bruts et poèmes, avec la volonté de poursuivre la mise en musique de textes (du livre ou pas, d’autres sont en attente). Pour écouter le 1e morceau composé et chanté par Philippe Pastor, c’est par ici : https://www.johannegicquel.com/paysames/miseenmusique/

Ce choix de la mise en musique a été fait par défi, jeu, envie, et motivée également par l’idée de toucher un autre public - moins lecteur peut-être, par envie de toucher au cœur. 

Sommaire

Préface

Intro

Paysâmes

Regard de femmes

  • Des images des clichés
  • De l’histoire qui nous fait
  • Mémé
  • Mémère
  • Au nom de la terre et de la famille

dessinRencontres

  • Gene
  • Stéphanie
  • Cécile
  • J’ai vu orange j’ai vu rouge
  • Enora
  • Fabienne
  • Christiane
  • Aziliz
  • Mon châtaignier mon dragon
  • Audrey lauriane
  • Ma paysanne
  • Chants de Terre – Yann Morel
  • Martine
  • Pollution – Yann Morel
  • Humeur noire
  • Françoise
  • (note)

Complementerre

  • Paysâmes du choix des mots
  • Femmes des terres bretonnes
  • Dis tonton
  • Hey Jo
  • 2020 je tu elles
  • Essenti(elle)s

Ultimes notes

portraits

Extrait

“J’ai voulu écrire sur les femmes – celles qui ont choisi d’épouser la Terre – parce que je suis une femme, parce que j’ai été, durant 10 ans de ma carrière, paysanne. Oui, j’ai fait mien ce mot – il n’a de sens ici que celui originel « celui d’un pays ».

Ce livre ? Je le porte depuis une douzaine d’années. Ce n’est donc pas – peu s’en faut – un ouvrage entrepris parce que ce serait à la mode, vendeur, bref, opportuniste.

Il y a 12 ans, je cultivais mes précieux légumes, je pâtonnais, je suais – au champ, au fournil –, j’aimais ça. J’aimais aussi expliquer mon, mes, nos métiers. Envie constante de partager des tranches et des tronches de vie.

Bref. Les années ont passé et la vie – hasard ou pas – m’a ramené ce projet de papier en pleine face. La projection d’un film – qui bouscule –, l’intérêt manifeste et circonstancié pour l’agriculture locale, qualitative [...]. Et puis, reste ce constat, flagrant, du déficit de culture terrienne. Epoque à la fois hyper et dé-connectée. Déconnectée de la nature, des réalités du temps – qu’il fait, qui passe –, des contingences matérielles, une époque éloignée, pour beaucoup, de celles et de ceux qui font l’agriculture et qui, pourtant – qu’y a-t-il de plus précieux –, les nourrissent.

Capture

Le projet de livre réémerge donc. Son contenu évolue. De la photo, du noir, du blanc, pour dire tous les gris de la vie. Des textes, du « je », usé non par pur égotisme mais pour me réapproprier une parole souvent (auto-)confisquée. Des textes peut-être moins naïfs que je ne les aurais écrits il y a 10 ans, si tant est qu’ils aient pu être naïfs. Disons que, même si je suis née dans la marmite du parfait productivisme intensif breton, consciente des enjeux (locaux, territoriaux, sociaux…), il manquait l’expérience, le vécu.

La vie est passée par là, avec ses satisfactions, ses galères, ses réussites [...]. Oui, les pieds dans la terre, parfois dans la merde – disons-le –, ça ouvre les yeux, et rudement, sur les réalités du métier.

Bref. 2020. J’ai eu envie de croiser le regard et le faire avec des femmes – celles qui « pensent » leur métier, serais-je tentée d’écrire. Présomptueux ? Chacun jugera. J’ai eu envie de les raconter, elles, de les dire en images et en mots, et de fait, c’est une agriculture – bretonne, féminine – qui se dévoile.

Alors, vas-y.

Raconte-toi.

Raconte-moi.”

A propos de Johanne Gicquel, artiste et auteure (désormais) dans les herbes

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Johanne a grandi dans une ferme, une des plus grosses de Bretagne, à l’ombre d’un oncle leader de sa filière. Un seigneur de la Terre – certains le pensaient.

Attachée à la nature et à l’écologie (sa formation), elle a accompagné des paysans durables, bio, pendant plusieurs années. Puis elle a quitté ce métier de chargée de mission pour chausser les bottes. Par choix, par “conscience”, elle est devenue paysanne. Elle a vécu ainsi pendant 10 ans, entre champs et fournil.

Johanne est ensuite passée de l’agriculture à la culture tout court. Aux arts et aux livres. Par goût pour ouvrages de papier, pour raconter l’époque à sa façon : simple, directe, en mêlant les mots et les images.

Avec une ambition :”œuvrer” à faire connaître l’Autre (au sens nature ou humain).

Aujourd’hui, dans la continuité de Paysâmes, Johanne aimerait monter une exposition et développer un podcast pour parler des faiseuses, afin de valoriser la matière collectée, écrite et composée (dimension musicale du projet).

Elle souhaite aussi poursuivre le développement de sa maison d’édition, qui compte déjà 5 autres publications (1 conte pour enfant et 4 livres dans la collection Bulles de Vie pour raconter la nature environnante).

Informations Pratiques

“Paysâmes” de Johanne Gicquel

  • Dimensions : 20 x 30 cm
  • Impression en Ille-et-Vilaine sur du papier FSC et PEFC. Beau et brut.
  • 244 pages
  • 910 g
  • Prix : 29,00 €

Pour en savoir plus

Site web : https://www.johannegicquel.com/paysames

Commander Paysâmes, dans la boutik en ligne  : https://www.johannegicquel.com/boutiklivres/paysames/#cc-m-product-14325058532

Site web Johanne Gicquel : https://www.johannegicquel.com/

Facebook : https://www.facebook.com/oplurielle/

Instagram : https://www.instagram.com/oplurielle/

LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/johanne-gicquel-856455170/

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