Elections départementales : la protection des Seniors contre la Maltraitance doit être au centre du débat !
L’assistance aux personnes âgées représente plus de 1 million de bénéficiaires, beaucoup d’aidants familiaux, 600.000 intervenants, 2 milliards d’euros de dépense privée, 5 milliards d’euros de dépense publique.
En 2010, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) a distribué 88 millions d’euros de subventions pour moderniser le secteur des aides à domicile. Depuis, l’Etat continue d’allouer des ressources financières conséquentes à de grands réseaux nationaux de services aux personnes âgées, sans véritable contrôle.
La politique sociale est donc un véritable enjeu à la fois humain et économique qui doit être placé au centre du débat des futures élections départementales.
Car des solutions concrètes existent pour améliorer la qualité de vie des seniors et de leurs familles. Ces solutions peuvent facilement être mises en place !
L’association Aider nos Parents développe 5 propositions pour en finir avec la Maltraitance des Seniors :
Proposition 1 : Supprimer la Télégestion
Pour comptabiliser les actes, notre pays a systématisé la Télégestion qui consiste à faire collecter les horaires d’intervention à domicile par les intervenants et les envoyer aux administratifs.
Ce fonctionnement pose deux problèmes majeurs :
- Les bénéficiaires et leurs familles sont totalement écartés du dispositif : ils ne peuvent même pas savoir qui va venir et qui est déjà venu, ni vérifier leurs consommations-factures et encore moins exprimer leurs avis-mécontentements.
- Les abus sont monnaie courante : comme le bénéficiaire ne peut pas connaître les résultats de pointage, les prestataires facturent des heures fictives.
Il s’agit de la maltraitance selon le Conseil de l’Europe, maltraitance financière, négligence active, privation des droits à s’informer, s’exprimer, vérifier et contester. Il est donc urgent d’interdire définitivement la Télégestion !
Proposition 2 : Créer un calendrier des interventions en mode partagé pour qu’il soit transparent et accessible à tous
En 2015, il est très facile de créer un agenda partagé numérique qui soit accessible gratuitement par toutes les personnes concernées : les personnes âgées, les intervenants, les aidants proches et les administratifs. Il faut que chacun puisse savoir qui va venir et quand. Signaler les avances, les retards ou les absences. Le Senior aidé doit pouvoir gérer simplement ces rendez-vous au quotidien et signaler les incidents.
Cette mesure concrète permettra également de contrôler la facturation des prestations (et donc la paie des intervenants) et d’effectuer un véritable suivi, notamment en cas d’incident (dans la mesure où les prestataires envoient des intervenants différents, il faut une traçabilité des soins effectués). Pour éviter les abus, la certification des emplois du temps des âgés devrait être effectuée par un organisme indépendant des Services d’aide.
Proposition 3 : Généraliser l’utilisation de SMS et de messageries numériques
De nombreux seniors suivis par l’association utilisent des tablettes et s’expriment régulièrement sous forme de texto dans le cadre des cahiers de liaison partagés avec leurs aidants familiaux.
Dans une étude réalisée en novembre 2014 par Opinion Ways, l’attrait pour le numérique des Seniors est mis en lumière : 36 % des plus de 65 ans aiment utiliser une tablette, 35 % leur ADSL, et 34 % leur smartphone.
Alors pourquoi les priver de moyens de communication modernes quand il s’agit de prendre soin d’eux ? Permettre aux Seniors d’interagir et de donner leur avis pour tout ce qui les concerne est une action forte pour rompre leur isolement et pour préserver leur existence sociale.
L’autre intérêt est de prendre en compte les dysfonctionnements en amont, avant qu’ils n’aboutissent à de la Maltraitance, ce qui n’est pas le cas actuellement. L’essentiel du suivi des âgés (centrale d’écoute spécialisée, assistance psychologique….) repose en effet sur une réaction a posteriori, quand il est trop tard…
Même si le bénéficiaire est dans l’incapacité à être « connecté », l’utilisation de cahier de liaison numérique partagé entre l’intervenant, l’aidant familial, et l’administratif est déjà un immense progrès social.
Proposition 4 : Mettre en place un agrément unique pour les organismes de services à la personne travaillant pour les âgés
“Trop d’infos tue l’info” a t-on coutume de dire. Avec les services à la personne travaillant pour les âgés, c’est la même chose. Aujourd’hui, la multitude de labels, de normes, de types de services d’aide (autorisé, agréé, conventionné, avec ou sans télégestion départementale…) est particulièrement indigeste.
Un véritable choc de simplification est nécessaire, qui consiste en la création d’un agrément unique et réglementé, notamment concernant la conservation et la sécurisation des données des personnes âgées.
Proposition 5 : Une véritable écoute des usagers (personnes âgées, aidants et intervenants)
Bien vieillir, c’est aussi et surtout pouvoir bénéficier de soins adaptés aux besoins. Or pour l’instant les usagers ne peuvent pas s’exprimer et faire remonter leurs attentes.
Résultat : certains projets coûteux et inutiles sont développés pour eux, alors qu’ils ne sont pas prioritaires voire contraires à leurs intérêts.
A propos de l’association AiderNosParents
L’association AiderNosParents.org a été créée en avril 2014 par des aidants familiaux (ils sont tous enfants de seniors en situation de dépendance) de tous les milieux mais confrontés à la réalité de la Maltraitance et de l’Exclusion engendrées par la modernisation inégalitaire du secteur des aides à domicile.
Son objectif : lancer le débat sur la Solidarité Seniors et promouvoir les solutions alternatives, gratuites et en libre service, qui pourraient aider au quotidien les usagers et les travailleurs.
Le co-fondateur de l’association, Chi Minh PHAM, assiste sa mère handicapée suite à un AVC, depuis 2008. Ingénieur Centralien de formation et dirigeant de sociétés de conseil en informatique et organisation, il est très choqué lorsqu’il découvre l’envers du décor.
Chi Minh PHAM précise :
Le client-usager est considéré comme bénéficiaire d’une aide “publique”, donc il n’a pas à dire quoi que ce soit. Or l’Etat ne paie qu’une partie des prestations…
L’usager, déjà affaibli par l’âge et par le handicap, est donc encore plus désavantagé par ce régime mi-privé mi-public. Chi Minh dénonce les dérives du système “Télégestion” depuis 2010.
A ce jour, plus de 100 courriers recommandés ont été envoyés par l’association AiderNosParents pour alerter les différents interlocuteurs (Ministre, Secrétaire d’état, Préfets, Présidents de conseil général, CNIL, Défenseur des droits, DGCCRF, DIRECCTE, CNSA, … ).