“Une Odyssée Portugaise (presque ordinaire)” de Mario Queda Gomes : une ode au peuple de l’émigration qui raconte leur vie AVANT la France

Les Portugais représentent aujourd’hui plus de 2 millions de personnes en France.

Entre 1957 et 1975, pas moins de 1 400 000 Portugais fuient le Portugal vers l’étranger. 900 000 tentent leur chance en France. Ils affluent surtout en région parisienne où tout est à construire. Résilients et courageux, ils contribuent largement aux grands travaux de Paris et, à la sueur de leur front, ils participent à de grands projets tels que La Défense.

Encore aujourd’hui, ils renvoient l’image d’un peuple travailleur et discret. Les Portugais sont nos voisins, nos collègues, notre famille, nos salariés mais aussi nos patrons. On devine facilement leur origine par leur nom : Pereira, Da Costa, dos Santos…

Mais qui connaît réellement le long chemin qui a amené jusqu’en France les Portugais partis de chez eux entre 1950 à 1974 ? Pourquoi ont-ils, un jour, quitté leur pays ? Quelles épreuves ont-ils traversées ? Comment ont-ils été reçus en France ?

Avec son caractère bien trempé, notre héros portugais, Carlos, nous fait passer du rire aux larmes en nous racontant sa jeunesse et son histoire. Né sous la dictature de Salazar, il arrive en France en 1975 sous Valéry Giscard d’Estaing. Il n’aspire qu’à une chose : accéder à une vie meilleure.

À travers “Une Odyssée Portugaise (presque ordinaire)”, qui raconte le parcours de son père, Mario Queda Gomes écrit le roman de centaines de milliers de Portugais émigrés de par le monde et peut-être aussi le roman universel de tous ces gens venus d’ailleurs, mais venus de quelque part tout de même.

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4e de couverture

« Quelle belle époque que la nôtre ! N’importe quel ignorant, du haut de son certificat d’études, peut écrire un livre sans que personne ne le remette aussitôt à sa place. Plus bas que terre. »

C’est par ces mots qu’”Une Odyssée Portugaise (presque ordinaire)” débute, avant de se lancer, tête baissée, dans le récit de vie de Carlos, le père de l’auteur.

Né en 1950, au Portugal, sous la dictature salazariste, Carlos quitte son village de Lobras pour aller à l’école et aider son oncle dans ses affaires. Il a neuf ans. Mais rien ne se passe comme prévu !

Lobras, Lisbonne, Luanda, Nova Lisboa, Mussungo, Vila Salazar, Champigny-sur-Marne, Carlos va où le destin et les remous de l’Histoire contemporaine le portent, en quête d’une vie meilleure.

À travers l’odyssée de son père, Mario Queda Gomes écrit le roman collectif de milliers de Portugais émigrés à travers le monde. Et peut-être aussi le roman universel de tous ces gens venus d’ailleurs, certes, mais venus de quelque part tout de même. Ces gens que l’on côtoie sans les voir.

Une ode au peuple de l’émigration, nos parents et grands-parents portugais, ces héros (presque ordinaires) !

Un livre pour changer de regard sur l’immigration portugaise

La préface de Michael Mendes du projet Frantugal TV désigne le récit comme “la plus belle preuve d’amour… d’un père à son fils“.

Avec sa prose originale et déjantée, Mario Queda Gomes tente de relever ce défi : repousser les limites de la langue française pour retranscrire des récits énoncés à l’origine en portugais.

Ce roman, et la prouesse narrative de son auteur, prouve que la langue française en a sous le pied ! Simple et accessible, sa plume est amusante et permet d’aborder des sujets douloureux tout en faisant rire le lecteur.

Candide de Voltaire n’a qu’à bien se tenir, Carlos de Mario Queda Gomes arrive …

Un précieux témoignage en français publié le 24 février 2023

L’auteur brosse un portrait de la vie de milliers de Portugais sous le régime de Salazar, dictature au pouvoir de 1933 à 1974. À la campagne et en ville, les enfants étaient mis au travail pour subvenir aux besoins des familles, souvent très nombreuses.

Le récit de la guerre en Afrique par Carlos est inédit. L’Afrique pouvait représenter un Eldorado pour des self-made men tels que Carlos mais vite ébranlé par le désir d’indépendance de l’Angola puis du Mozambique.

Enrôlé par l’armée sans qu’on lui demande son avis, Carlos devient soldat. Quand la guerre éclate, des milliers de familles doivent fuir le continent dans la précipitation. Que leur reste-t-il à leur retour au Portugal ? Pas grand-chose.

Entre rien au Portugal et rien ailleurs, il choisit de partir pour tenter d’avoir quelque chose. Comme disent les Portugais, peuple au pragmatisme déroutant : si tu as des jambes marche… car personne ne le fera à ta place !

Sommaire

  • Prologue
  • Belas (Sintra), 1950
  • Lobras, 1957
  • Lisbonne, 1959
  • Lobras, 1959
  • Leiria, 1963
  • Lisbonne, 1964
  • Luanda (Angola), 1966
  • Nova Lisboa / Salazar (Angola), 1971
  • Mussungo, 1971
  • Luanda, 1973
  • Portugal, 1975
  • France, 1975
  • Épilogue Les Funérailles de Maria da Paixão – Lobras, 2001

Extrait

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“Il a regardé autour de lui. Il n’y avait personne. Il a ri. Il pouvait rire à sa convenance personne ne pouvait lui reprocher. De mon côté, ma mémoire arrivait au bout de ses archives. Je n’avais plus rien à rajouter à ma représentation. J’avais usé de tout mon art, en me donnant bien du mal, je ne pouvais pas faire mieux.

C’est à ce moment que, tout d’un coup, le personnage devant moi a changé de visage. Je ne l’ai pas reconnu. Je vous explique. Il a bu les trois gouttes au fond de son verre. Il a posé son verre. Il a mis une distance entre lui et le verre. Je le revois encore comme si je l’avais devant moi. Je vois bien la scène. Il m’a demandé d’approcher bien près de lui. Plus près encore. Il faisait un geste avec la main. Il voulait me parler à l’oreille. Est-ce qu’il voulait me donner un secret ? J’ai fait ce qu’il me demandait. Et voilà, ce qu’il a dit à dans mon oreille, en tenant ma tête de force :

— Petit, je vais te donner un bon conseil… Écoute-moi bien… Ouvre toutes tes oreilles bien ouvertes ! Même ta pute de mère ne te donnera jamais un seul conseil comme celui que je vais te donner à l’instant. Tu es prêt ? Mon conseil est le suivant, écoute bien, mon conseil : ne prononce plus le nom de Salazar en vain ! Tu m’entends bien ? Tu captes le son ? Ne mets plus le nom de Salazar dans ta bouche ! Je voudrais que tu saches autre chose, mais il faut vraiment que tu te l’enfonces dans le crâne… Tu m’entends bien ? Alors sache que tu n’es rien. Tu n’es rien du tout ! C’est ce qui va te sauver aujourd’hui et pas autre chose, tu m’entends bien ? C’est que je te trouve trop pitoyable pour t’envoyer à Tarrafal ou en enfer… Tu m’entends ? Tu ne dois ta vie sauve qu’à ta condition de sous-homme ! Qui es-tu pour donner un avis ou rire ici ? Quelqu’un t’a demandé une opinion ? Tu n’es même pas digne de prononcer le nom de Salazar ou même de lui lécher les souliers, pauvre crétin, et tu voudrais en plus rire sur son compte ? Alors, écoute encore, dorénavant, tu garderas ton nez dans ta petite vie de merde, à passer le chiffon, à remplir mieux les verres des clients… C’est compris ? Tu ne prononceras plus le nom de Salazar jusqu’à la fin de ta vie ni en bien ni en mal… Et je ne veux pas avoir à te le dire deux fois… Tu as bien compris ou tu as besoin de plus d’explications ?

J’avais bien reçu le message. Cinq sur cinq. Je ne souhaitais pas davantage d’explications. Celles que j’avais suffisaient bien. Inutile de se fatiguer. La communication passait sans interférence d’aucune sorte. Je comprenais déjà ses idées comme si c’étaient les miennes. J’étais parfaitement d’accord avec lui. En plus, en me parlant, il me tenait si bien la tête avec sa main que son discours gagnait en clarté et compréhension. Quoi de plus clair ? Je le remerciais des bons conseils, merci, et je lui garantissais que jamais plus je ne donnerai une seule opinion, même pas sur le temps qu’il fait, rien ! J’ajoutais, en jurant sur l’âme de mon grand-père Teotónio, que jamais plus je ne citerai le nom de qui on savait, lui et moi, jamais plus !

Est-ce qu’il allait me lâcher à la fin ? Il voulait me claquer la tête sur le comptoir ou quoi ? Je venais juste de le nettoyer.

Il a lâché ma tête de sa main et de ses dix doigts même si, au fond de moi, il ne m’a plus jamais lâché la mémoire avec son expression du diable avant bien longtemps. Même quand il s’est levé avec un sourire amical, en tapotant ma joue et qu’il est sorti, au fond, il est sorti de l’épicerie mais jamais plus de mes préoccupations.”

Portrait de Mario Queda Gomes

Mario Queda Gomes est professeur agrégé de portugais à Rouen, (76). Il est né en 1979 en région parisienne, au Plessis-Trévise (94) où sa famille réside toujours. Carlos, son père et le héros du roman, vit encore à Boissy-Saint-Léger (94).

Dès son plus jeune âge, Mario écrit. Son premier roman, intitulé Les Passages Obligés, publié en 2018 aux Éditions Maïa, raconte son quotidien d’enseignant.

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La genèse du livre

Le père de Mario Queda Gomes est un conteur formidable. Il narre ses aventures de jeunesse, à table, le dimanche, à qui veut l’entendre. Ses histoires tiennent l’auditoire en haleine au-delà du café et du dessert.

Enfant, déjà, Mario buvait ses paroles. Il avait l’impression de plonger dans un livre d’aventure dont son père était le héros. Quand il prit goût à l’écriture, ces histoires s’imposèrent à son esprit comme un fabuleux sujet de roman. C’est en 2018 qu’il entreprit son aventure très personnelle : raconter celle de son père.

Mario Queda Gomes le devait à son père, mais il le devait aussi à tous ceux dont les parents étaient des aventuriers plus discrets et moins loquaces. Encore une fois, le livre de Mario Queda Gomes est un témoignage d’admiration et d’amour.

Mais les questions sont nombreuses : quelles furent les expériences d’immigration, en France et ailleurs ? La France a-t-elle été un pays d’accueil exemplaire ? En écrivant ce livre, il rend hommage à son père qui, à son tour, lui a donné la plus belle preuve d’amour qui soit, lui transmettre son histoire en héritage.

A propos de la couverture par l’artiste Nathalie Afonso

Sculpteur et designer diplômé de l’école Boulle à Paris, Nathalie Afonso participe utilement à une évolution de l’art, au travers de ses approches, qui renouvellent et vivifient le concept de ce que l’on appelle aujourd’hui la « peinture ethnique ».

L’ « art ethnique », à travers le monde, de Melbourne au Musée du costume ethnique de Shanghai, des Musées ethnographiques d’Ukraine à ceux d’Amérique Centrale, d’Asie, d’Afrique ou d’Australie, permet de témoigner du passé des peuples, de montrer leur mémoire, et les composantes ancestrales des sociétés actuelles.

Elle est l’auteure de la couverture du livre “Une Odyssée Portugaise (presque ordinaire)”.

À propos de Cadamoste Éditions

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Cadamoste Editions est une maison d’édition fondée par Sandra Canivet Da Costa en 2020.

Une belle aventure née de ses difficultés à faire publier son premier ouvrage L’extraordinaire Histoire du Portugal, qui a depuis rencontré un vif succès auprès de la diaspora et a été traduit en plusieurs langues.

Depuis, elle publie d’autres auteurs, Tiago Martins avec L’Histoire du Portugal dans mon assiette et maintenant Mario Queda Gomes.

À son rythme, Cadamoste Éditions souhaite atteindre tous les lectorats luso-français par un éventail d’ouvrages jeunesse et adulte.

Avec une ambition : faire connaître le Portugal, sa culture, son histoire, sa gastronomie et ses nationaux. Elle s’adresse donc aux descendants de Portugais, très nombreux en Europe, mais aussi aux Français curieux d’en savoir plus.

Pour en savoir plus

Site web : https://www.cadamoste-editions.com/

Facebook : https://www.facebook.com/ExtraordinaireHistoireDuPortugal

Instagram : https://www.instagram.com/cadamoste_editions/

LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/cadamoste-editions/

1 Commentaire(s)

  • Baillif 11 août 2023 at 15 h 46 min

    L’écriture du roman est un peu surprenante au départ mais on s’intéresse vite à la vie que nous raconte ce petit garçon, Carlos.
    C’est lui qui raconte. Il s’adresse à nous
    L’écriture est agréable et sa lecture facile.
    On se s’ennuie pas
    Les chapitres se succèdent et nous entraînent dans cette odyssée sous Salazar
    nous révélant la réalité de ces gens qui vont chercher ailleurs une vie meilleures
    Nous constatons leur capacité à s’adapter, à rebondir quelque soit leur âge.
    Ce roman vous montre aussi la guerre, terrible, sanguinaire pour tous en Angola.
    La fin est un hymne à la résilience, au soutien mutuel hors de ses racines.
    « quand on est portugais » perdu, déraciné, émigré on trouve toujours l’accueil, l’aide d’un autre portugais pour se reconstruire
    C’est enfin autour du cercueil de cette épouse,maman,
    grand-mère que la « famille »se retrouve, fait bloc en oubliant
    le mauvais sort qui a marqué la vie de Maria da Paixao.
    J’ai aimé ce livre et je le recommande autour de moi

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