Génération intermédiaire située entre celle des baby-boomers et celle dite “Y” (ou milléniale), la génération X a été façonnée par de nombreux événements historiques et de vrais bouleversements sociaux et économiques.
Popularisée par le sociologue Douglas Coupland dans son livre éponyme publié en 1991, la génération X est devenue avec lui la génération “perdue”. Pourquoi ? Parce qu’elle est la première en Occident à avoir connu le chômage de masse et le ralentissement de “l’ascenseur social”, le tout sur fond de fin de Guerre Froide et d’épidémie du SIDA.
Fil rouge du nouveau roman de Stéphane Aucante, Eve et Louis, années Mitterrand, cette génération X est figurée par les deux personnages du titre, Eve, passionnée de cinéma, et Louis, à la sexualité trouble, mais aussi par Charles, frère cadet volage de Eve, et Fabrice, fils unique d’une riche famille d’industriels lorrains. En partie autobiographique, et inscrit dans un projet plus large de trilogie dont il est le deuxième volet, ce roman fait revivre de façon vive et décomplexée une époque qui, à bien des égards, a été charnière et comme indépassable, entre autres parce que “son” président, François Mitterrand, a eu quelque chose d’unique.
Le livre paraîtra officiellement le 25 janvier 2024 aux Editions Bougainvillier, une maison d’édition associative que Stéphane Aucante a cocréé début 2023 avec d’autres écrivains, désireux comme lui de fabriquer les livres autrement et de les relier directement aux lecteurs, à travers des actions de médiation littéraire tout terrain.
Eve et Louis, années Mitterrand, c’est aussi un récit échevelé où s’emmêlent les destins de quatre amis cinéphiles
Ponctué par les grandes manifestations de l’époque — celles pour l’École Libre en 1984, celles contre les lois Devaquet en 1986, et quelques autres —, Eve et Louis, années Mitterrand se construit et se développe autour du passage à l’âge adulte, au cours des années 80, de quatre jeunes gens farfelus — une femme, trois hommes —, tous cinéphiles et étudiants parisiens.
Suite “à rebours” d’un premier roman, Blanche, 4 fois 20 ans en 2020 (paru en 2021), ce nouveau livre s’intéresse de plus près à Louis, fils de Blanche, et à Eve (et son frère Charles), enfants d’un couple de gauchistes parisiens qui ont pour bon ami, depuis longtemps, un certain François Mitterrand. Étudiants du Quartier Latin, ses cafés, ses cinémas, tous trois y seront rejoints par Fabrice, dont la riche famille va subir de plein fouet la terrible crise de l’industrie française des années 80.
Formé lui-aussi entre le lycée Louis-le-Grand et la Sorbonne, amoureux du cinéma et des belles lettres, Stéphane Aucante s’essaye ici à un style d’écriture très personnel, entre une certaine forme de classicisme — ses héros sont un peu “intellos” tout de même ! — et une écriture résolument contemporaine. Ponctuant son récit ici d’une chanson, là d’un poème, ailleurs d’un morceau de journal intime, l’auteur suit au plus près, comme avec une caméra et un micro, les parcours de quatre protagonistes qui ne lui sont pas totalement étrangers…
Un roman qui flirte avec le récit autobiographique
Enfant de la génération X, Stéphane Aucante a mis beaucoup de lui dans ce roman, en particulier dans la figure de Louis. Autour de ce garçon mal dans sa peau, nombreux sont les personnages inspirés de personnes réelles, parfois au prix de changements de sexe (Charles est rêvé depuis la soeur d’une très bonne amie) ou d’assumés condensés : le père de Fabrice symbolise à lui seul tous les grands capitaines français d’industrie qui ont sombré avec leurs mines ou leurs usines sous les coups de la crise économique post chocs pétroliers.
Écrire un roman, c’est réécrire des biographies.
Fiévreux cinéphile depuis l’adolescence, Stéphane Aucante a aussi souhaité retranscrire dans son nouveau livre tout l’amour qu’il porte au septième art, et y évoquer les indélébiles amitiés qui sont nées au cours de ses années au sein du Ciné-Club du Lycée Louis-le-Grand à Paris.
Parmi elles, celle qui le lie depuis à Antoine Guillot. Aujourd’hui “Monsieur Cinéma” de France Culture, ce dernier a bien voulu rédiger la préface du roman.
Un auteur engagé pour l’accès à la lecture et l’écriture pour et par tous
Auteur mais également éditeur, Stéphane Aucante est profondément impliqué dans le développement d’actions de médiation (ateliers d’écriture, rencontres, lectures) en lien avec ses écrits et les livres qu’il édite; il travaille en particulier auprès des publics dits “éloignés” ou “empêchés”.
Animé d’un vrai goût pour la rencontre et le partage, il transmet ainsi avec bienveillance, passion, et surtout simplicité, son amour pour l’écriture, en faisant sienne cette phrase de Michel Serres :
Ecrire est le dernier métier manuel.
Quatrième de couverture
Eve et son frère Charles sont les deux seuls enfants d’un couple d’intellectuels parisiens proches, depuis longtemps, d’un certain François Mitterrand. Louis est fils unique et alsacien ; son père est gendarme, sa mère archiviste. Fabrice, lui, est l’heureux descendant d’une richissime famille d’industriels lorrains. Lycéens de seconde, première ou terminale, tous quatre se rencontrent dans un ciné-club du Quartier Latin qu’ils animent ensemble. Liés fortement par leur amour du 7ème art, puis, pour deux d’entre eux, par l’amour tout court, ils croient devenir amis pour la vie. Mais cette vie-là ne dure pas aussi longtemps qu’ils croyaient : c’est qu’il faut bien grandir et devenir adulte. A quel prix ? En abandonnant quels rêves ?
Eve sera la seule femme admise dans la première promo de la FEMIS mais ne réalisera plus tard qu’un seul long-métrage. Louis se découvrira gay en tombant d’amour pour Charles mais finira par se marier avec Eve. Charles, adolescent, avait un talent fou pour le son et la chanson, mais, adulte, il se contentera de devenir technicien à Radio France. Quant à Fabrice, il vivra de plein la fouet la déchéance de sa famille, ruinée par la crise industrielle des eighties en France.
Extrait
Louis s’emmêlait tout court. Son cœur tirait sur sa poitrine pour retourner guetter Charles dans le sas d’entrée et plus loin, dans la cour, les arcades, la rue Saint-Jacques même en tirant fort. En parallèle, ses neurones tentaient de comprendre ce que lui disait Ève : mais Louis n’avait rien d’un cinéphile. Comme tout le monde, ces dernières années, il avait vu « ET téléphone maison », « Papy fait de la Résistance, c’est un schleu, Beethoven » ou Bébel dans « Le Professionnel », courant après les méchants sur une musique de pub pour aliments pour chiens. Chez le dentiste ou le coiffeur, il feuilletait souvent un magazine appelé Première et zieutait les photos sur papier glacé, surtout celles très glamour des jeunes stars masculines montantes ; il ne se souvenait plus de leurs noms mais savait qu’elles avaient toutes jouées dans un même film, « Outsiders » — et putain ! Qu’est-ce qu’ils étaient sexy those guys ! Presque autant que Mel Gibson qu’il venait de découvrir dans « Mad Max 3 » aux cinémas Alésia avec Tante Annie.
À la télévision, lui et sa mère ne manquaient jamais les films du dimanche soir sur la Une — sauf s’il s’agissait d’un des épisodes de la série des « Gendarmes de Saint-Tropez » — et, pendant les vacances, ils enchaînaient avec la séance de minuit, sur la Trois. Louis savait aussi que le film préféré de sa mère, « La Grande Vadrouille », avait fait 17 millions d’entrées depuis sa sortie, qu’au cinéma le paquet de Chocoletti qui collaient aux doigts quand on les mangeait dans le noir coûtait 2 francs et que les cinéastes amateurs faisaient des courts-métrages en super 8.
Son rapport aux chiffres cinématographiques s’arrêtait là, et ce que lui racontait Ève, ces histoires de millimètres liés à des minutes et à des séries de bobines, ne lui évoquaient rien. Et puis il n’était pas venu pour faire des maths, « nom d’une pipe en bois ! » — comme l’aurait dit tonton Fernand, qui fumait des Gitanes. Il était venu pour…
- Bon, je te laisse deux minutes pour aller voir comment Fab’ s’en sort à la caisse, je reviens et on lance la séance.
Ève dévala les bruyants escaliers en faisant un bruit d’attaque d’indiens dans un western et Louis se retrouva seul avec sa folle envie de revoir Charles, de le voir vraiment. Il avait l’impression d’avoir déjà oublié l’odeur de sa peau, le velours de ses yeux, la douce moquerie de son nez, son sourire aux dents un peu trop grandes ; il en était malade, apeuré.
Infos Pratiques
Bougainvillier éditions
Parution 25/01/2024
Nb. de pages : 370
Format : 14 x 22.5
Couverture : Broché
EAN : 13 9782494778061
A propos de l’auteur, Stéphane Aucante
Après quelques années passées dans l’audiovisuel, Stéphane Aucante devient directeur de lieux culturels en France dans les années 2000. En charge de la direction l’Institut Français de Naplouse de 2015 à 2018, il revient en France avec son tout premier livre édité Naplouse, Palestine – Portraits d’une occupation.
Pendant la pandémie Covid, Stéphane initie et anime trois livres collectifs au cours des différents confinements en France. En parallèle, il s’attèle à l’écriture de son premier roman Blanche, 4 fois 20 ans en 2020.
Après avoir dirigé une Alliance Française en Macédoine du Nord de 2021 à 2022, il participe en 2023 à la création d’une maison d’édition associative avec quelques proches et amis (également auteurs pour la plupart). C’est la naissance de Bougainvillier Editions, dont le premier livre publié est son quatrième livre palestinien, Sans voile – Féminité(s) en Palestine.
Stéphane Aucante anime également de nombreux ateliers d’écriture, entre autres à la demande de Labo des Histoires; grâce à lui, il s’est spécialisé dans le travail avec les mineurs placés sous-main de justice.
Le début de son année 2024 sera marqué par la sortie de son deuxième roman, Eve et Louis, années Mitterrand qui est aussi le deuxième volet d’une trilogie romanesque familiale, initiée avec Blanche…
Projets à venir
Auteur aux multiples projets, Stéphane Aucante travaille donc depuis plusieurs années sur sa trilogie intitulée A rebrousse-poil.
A travers les destins individuels de gens ordinaires, cette trilogie propose une relecture “à rebours” de la Grande Histoire de France, depuis l’année de l’apparition de la pandémie Covid (2020) jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Son troisième volet, Ferdinand, trente ans sans gloire, s’intéressera à la période des Trente Glorieuses, en suivant la vie toute simple de Ferdinand, porteur d’un léger handicap mental et inspiré d’un de ses oncles.
La genèse de Bougainvillier Editions
Le projet “Bougainvillier Editions” est né d’une réalité : celle d’auteurs déçus qui se sentaient mal édités et qui souhaitaient reprendre en main leurs destins, en fabriquant différemment des livres et se donnant véritablement les moyens d’aller au contact des lecteurs, par le biais d’actions de médiation (ateliers, lectures, rencontres, etc).
Aux commandes du projet, des femmes et des hommes “d’un certain âge” désireux de se lancer dans la folle aventure de l’édition : Jacques Grange, Didier Destremau, Camille Aubaude, Laurent Journaux, et donc Stéphane Aucante. Eux cinq et quelques proches lancent officiellement Bougainvillier éditions en janvier 2023.
La spécificité de ce qu’ils appellent leur “maison d’auteurs et d’actions” ? Elle est non seulement indépendante, mais aussi associative, pour avoir les moyens et la pleine liberté de mener à bien des actions de médiation littéraires, en plus et complément d’éditer des livres.
En savoir plus
Site web auteur : https://www.stephaneaucante.com
Site web Maison d’éditions : https://www.bougainvilliereditions.com
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