L’association Edgar Faure, créée en 2003, a 21 ans ! Désormais majeure, elle peut légitimement sortir de son silence ; elle en a même le devoir, en cette période d’amères incertitudes et d’inextinguibles tourments.
Notre association prend acte des résultats des élections législatives. Le 7 juillet au soir, les français auraient pu passer une soirée comme les autres, à l’issue une énième formalité de la vie démocratique, vite oubliée le lendemain – à la sueur des copeaux de bois pour les ouvriers, au bruit des tapotements de clavier pour la plupart, aux quelques mots prononcés par des agriculteurs entre deux vaches, au coup de gueule lancé au café du coin entre Jean, à la tête d’une TPE, et Mouna, patronne d’une PME, le tout sous le regard amusé de Jacob. Le matin, le temps presse pour chacun, et il faut constamment s’adonner à une activité à laquelle succède aussitôt une seconde, une troisième, une dixième, au point de ne plus vraiment arrêter, de ne plus vraiment s’arrêter et prendre le temps d’une saine réflexion, à l’image des adolescents, comme des plus grands, scrollant indéfiniment sur leur smartphone.
C’est pourquoi la France a besoin d’explications aussi simples que limpides quant à la situation actuelle : douze millions de voix ont été allouées au rassemblement national, le parti de Marine le Pen. La France – celle de Jean Ferrat – pourrait devenir un pays gouverné par l’extrême droite. À la vue d’une telle menace, l’ensemble des perdants se sont vite accordés sur le nom d’un rempart, qu’ils baptisèrent le « Nouveau Front Populaire », nouvelle (après la Nupes, mort-née) coalition de gauche, dont la vocation spontanée fut de faire un barrage au RN. Avec une vigueur de castors, tous les barrages anti extrême droite ont été savamment et prestement cloués, vissés, solidifiés afin de maintenir une droite trop extrême, à l’instar d’un jeu de société tel que le Cluedo, durant lequel on « assassine » tous les candidats pouvant se maintenir et susceptibles de donner un député au RN.
Pendant une semaine, personne n’y croit. Or, le peuple a bien donné ses voix à hauteur de 32% à ce parti.
Les ennemis d’hier deviennent alors, fait étrange, les amoureux d’aujourd’hui, le tout pour divorcer demain. Comme si l’on jouait au jeu « Qui est-ce ? » avec l’avenir de l’État français, on évoque déjà qui ne sera pas quoi ? Député, donc peut-être ministre… Allez savoir ce qui adviendra demain ! Une semaine de campagne, jours et nuits ; donc, en soi, deux semaines – un laps de temps réduit à la portion congrue, pour celles et ceux qui sont aux affaires. Les procurations affluent, puis le grand jour arrive, le peuple reste dans la tourmente, la participation est au sommet.
À 20 heures, le nouveau Front Populaire arrive en tête, la Macronie résiste, mais Matignon était déjà prêt pour Jordan Bardella, qui a mené la campagne pour Marine le Pen. La déception est grande, bien sûr, mais il n’en double pas moins le nombre de ses députés à l’Assemblée, ce qui représente une grande chance pour le parti. On ne peut pas, et l’on ne doit pas, ignorer cet état de fait, avec lequel il s’agit à présent de composer.
Le pays est assommé, abasourdi. Lui qui avait sanctionné la gauche et la droite au premier tour, sept jours seulement plus tard, il a donné ses voix à toutes les gauches : LFI-EELV-PS-PCF…
L’union des Fauristes, l’Association Edgar Faure, s’appuie sur les prouesses de l’Homme d’État pour rappeler que cette Vème république va fonctionner comme le fit la IVème : sans majorité. Nos 577 représentants en France dans les territoires n’entendent plus parler que d’Edgar Faure !
Quelle en est la raison ? Nous savons aider à construire, nous sommes capables d’accompagner le dialogue se nouant, tant bien que mal parfois, entre ceux qui se connaissent bien, même quand ils s’invectivent sur les plateaux, quelques minutes après s’être tutoyés devant la buvette de l’Assemblée nationale. S’agissant de la stratégie communicationnelle requise, nous possédons l’habilité nécessaire pour la rendre opérationnelle.
Forts de dizaines de milliers de sympathisants, qui nous font des remontées de terrain depuis 2003, nous sommes, en effet, détenteurs d’une fine grille de lecture politique, et nous nous tenons à la disposition de tous ceux qui n’y arrivent pas, mais qui n’osent pas, ou bien ne veulent pas le dire.
Aujourd’hui, deux hommes auraient pu sauver la France, nous en sommes éminemment convaincus : il s’agit des illustres Pierre Mendès-France et Edgar Faure. Petit-fils de ce dernier, j’ai été élu dans des intergroupes qui arrivaient à cohabiter ; il est vrai que c’est une méthode, je n’ai rien inventé, pour ma part ; c’est donc Edgar Faure, mon grand-père, qui l’a élaborée et je l’ai reprise !
De ce fait, sans prétention de ma part, mais nourri d’une ferme conviction sur l’efficience et l’efficacité de cette méthode, je propose qu’elle soit partagée au plus grand nombre. Voilà donc le sens de ma démarche, très personnelle. Je sais combien certaines et certains acteurs du monde politique pourraient en tirer profit : à bons entendeurs !
Rodolphe Oppenheimer-Faure.