Le paradoxe est brutal : alors que les glaces fondent à un rythme jamais atteint, l’accès aux données de terrain est en recul. Trop risqué, trop coûteux, trop complexe à organiser. La science, qui a besoin d’ancrage physique pour modéliser le monde de demain, se heurte à un mur logistique.
C’est dans cet espace encore libre qu’IMAQA saisit l’opportunité et déploie tout son savoir-faire. Cette jeune structure belge a choisi de mettre l’exploration au service de la recherche. Ni ONG environnementale, ni club d’alpinisme éclairé, IMAQA invente un nouveau rôle : celui d’opérateur scientifique de l’extrême. Elle organise des expéditions conçues avec des scientifiques et pour collecter des données là où personne ne va, dans les zones les plus inhospitalières du globe.
Leur dernière mission s’est déroulée au cœur de la “Dark Zone” du Groenland, là où la glace noircit, absorbe la lumière et fond trois fois plus vite qu’ailleurs. Cette évolution climatique, à la fois bouleversante et décisive, a été filmée.
Le documentaire Something in the Water, qui en découle, sera projeté en avant-première ce printemps.
Une alerte glacée, et une invitation à repenser les contours de la recherche scientifique contemporaine.
IMAQA : Et si l’aventure devenait un outil scientifique ?
C’est le pari, aussi simple que subversif, sur lequel repose IMAQA. À contre-courant des expéditions spectaculaires sans objectif autre que la performance, cette jeune structure belge a fait un choix radical : dédier chaque kilomètre parcouru, chaque sommet atteint, chaque effort consenti à un objectif de recherche. Parce que la science a besoin de terrain, et que le terrain, lui, ne s’apprivoise pas depuis un laboratoire.
Des aventuriers “hybrides” : entre challenge sportif et rigueur scientifique
Les fondateurs d’IMAQA (un physicien, un chimiste et un ingénieur) savent ce que signifie « protocoler », modéliser, valider. Mais ils connaissent aussi le silence du froid, les imprévus d’une paroi glacée, la lenteur d’un déplacement en zone blanche. C’est cette double culture, intellectuelle et physique, qui donne à IMAQA sa pertinence singulière : une structure capable d’intégrer des contraintes scientifiques strictes dans des expéditions en conditions extrêmes, et de les transformer en données exploitables pour la recherche.
IMAQA n’invente pas une science de l’aventure. Elle propose une aventure au service de la science.
Des expéditions construites pour la recherche
Chaque mission IMAQA est bâtie sur un besoin concret exprimé par des scientifiques. Ce sont les hypothèses, les protocoles et les zones d’études qui dictent l’itinéraire. En 2023, l’équipe part ainsi pour la mission GR23, au Groenland, avec pour objectif de prélever des échantillons d’eau, de neige et de glace, et de démonter des stations météo pour plusieurs universités belges.
Ces données, une fois intégrées aux modèles climatiques en cours, viennent affiner la compréhension des dynamiques liées à la fonte des glaces, au pergélisol, aux glaciers ainsi qu’aux phénomènes environnementaux et climatiques propres aux régions polaires.
Pour Sophie Opfergelt, chercheuse qualifiée FNRS et professeure à l’UCLouvain :
La proposition d’IMAQA fut une véritable aubaine. Ces échantillons, que mes confrères ou moi-même n’aurions pas pu récolter par manque de compétences de terrain et de temps, viennent enrichir nos recherches et permettent de valider des modélisations scientifiques.
Un nouveau modèle de collaboration terrain-science
IMAQA ne se limite pas à remplacer les scientifiques sur le terrain. Elle les accompagne aussi. En Alaska, début 2024, elle encadre une mission hivernale inédite aux côtés de chercheurs de l’UCLouvain. Pour eux, IMAQA forme, sécurise, guide. Ensemble, ils réalisent des observations inédites sur le pergélisol (ou permafrost).
Cette capacité à articuler formation, logistique et rigueur méthodologique dans des conditions extrêmes fait d’IMAQA un opérateur scientifique à part entière. Un pont entre la recherche fondamentale et les territoires critiques.
Something in the Water, une expédition au cœur de la “Dark Zone”
L’année 2024 marque un tournant pour IMAQA avec une mission à très haute intensité : une expédition en autonomie dans la “Dark Zone” du Groenland. Cette région encore méconnue est l’un des laboratoires naturels les plus sensibles au changement climatique. On y observe une réduction spectaculaire de l’albédo (capacité de la glace à réfléchir la lumière), due à l’apparition de particules sombres à la surface de la calotte glaciaire. Résultat : une accélération de la fonte, aux conséquences globales.
Pendant plusieurs semaines, dans des conditions climatiques imprévisibles, les membres d’IMAQA ont mené une mission complexe : observation et cartographie de l’évolution des lacs supraglaciaires, prélèvements d’échantillons, installation d’instruments de mesure. Cette opération s’inscrit dans un projet scientifique de trois ans, réunissant plusieurs partenaires européens.
Pendant plusieurs semaines, dans des conditions climatiques imprévisibles, les membres d’IMAQA ont mené une mission complexe : observation et cartographie de l’évolution des lacs supraglaciaires, prélèvements d’échantillons, installation d’instruments de mesure. Cette opération s’inscrit dans un projet scientifique de trois ans, réunissant plusieurs partenaires européens.
Mais sur place, rien ne s’est déroulé comme prévu. Des tempêtes brutales, des équipements mis à mal par les conditions, des parcours modifiés à la dernière minute… L’équipe a dû faire preuve d’une résilience exceptionnelle pour garantir la validité scientifique de la mission.
Ce vécu intense a donné naissance à un documentaire puissant, Something in the Water, réalisé par Alex Eggermont et Jaron Pham, spécialistes des tournages en conditions extrêmes. Le film mêle images à couper le souffle, témoignages sincères et éclairages scientifiques. Il révèle la beauté fragile des milieux polaires, tout en soulignant l’importance d’y conduire des recherches de terrain.
« Il ne s’agit pas seulement d’un film d’aventure. Ce documentaire raconte une urgence, une nécessité : celle de comprendre ce qui se joue là-haut pour anticiper ce qui nous attend ici. » explique Alexandre Buslain, cofondateur d’IMAQA.
Le documentaire sera projeté en avant-première en juin 2025, avant une tournée dans plusieurs festivals européens consacrés à l’environnement, à la recherche et à l’exploration sportive et scientifique.
Un outil pédagogique pour une génération à inspirer
La mission d’IMAQA ne s’arrête pas aux pôles. Depuis quelques mois, la startup mène des ateliers éducatifs dans les écoles de Belgique, avec le soutien du programme INNOVIRIS. Plus de 50 interventions ont déjà été réalisées, touchant plus de 1500 élèves.
À travers des témoignages, des récits d’expédition et des expériences concrètes, les membres d’IMAQA vulgarisent des enjeux complexes comme le réchauffement climatique, le permafrost ou la glaciologie.
Objectif : montrer que la science peut être aussi passionnante qu’une aventure.
« Chez IMAQA, nous sommes convaincus que la science peut être passionnante. À travers le récit de nos aventures, nous espérons susciter des vocations », explique Gilles Denis.
Un partenaire de référence : Syensqo rejoint l’aventure
En 2025, IMAQA franchit un cap avec le soutien de Syensqo via The Syensqo Fund. Cette multinationale scientifique belge qui développe des solutions novatrices répondant aux principales mégatendances mondiales – électrification et allègement, connectivité, amélioration de la qualité de vie, a été séduite par le projet d’exploration d’IMAQA et par son ambition de sensibiliser à la science par l’aventure. Elle est désormais devenue son partenaire principal. Une reconnaissance stratégique qui renforce la crédibilité scientifique et logistique de la structure.
Une équipe à double compétence, un impact triple
Le modèle d’IMAQA repose sur une force rare : une équipe pluridisciplinaire, capable de conjuguer logistique d’expédition, protocoles scientifiques et médiation grand public.
- Gilles Denis, physicien et explorateur, connaît le terrain arctique depuis ses 18 ans ;
- Kyril Wittouck, chimiste, apporte à la structure une expertise technique et entrepreneuriale ;
- Alexandre Buslain, ingénieur et expert média, façonne l’impact médiatique et pédagogique des missions.
Rejoints récemment par Pauline (projets éducatifs et développement international) et Sandra (communication), ils prolongent l’impact du projet vers l’éducation et la médiation scientifique.
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Site web : www.imaqa.be
Instagram : https://www.instagram.com/imaqa_expeditions/
Linkedin : https://www.linkedin.com/company/imaqaexpeditions