Le 23 novembre 2016, les médias annonçaient le décès du célèbre philosophe et hypnothérapeute François Roustang. Auteur d’un très grand nombre d’ouvrages, il était aussi et surtout un incroyable chercheur clinicien, convaincu que de nombreux maux peuvent se « guérir », s’apaiser quand le corps est bien installé à sa place, quand le mental cesse, en d’autres termes, à vouloir tout contrôler ou prendre en charge.
Cherchant non seulement à théoriser toujours plus la pratique de l’hypnose mais aussi à la sortir de grilles figées que les pnlistes ou d’autres techniciens cherchaient à instaurer, François Roustang a collaboré avec plusieurs instituts d’hypnose d’Europe et produit de nombreux écrits. Comme son semblable Jean-Louis Lamande, il s’intéressait de près aux travaux de Michel de M’Uzan qui avait interpellé le monde de l’accompagnement sur les pensées paradoxales.
Nathalie Roudil-Paolucci, dirigeante de l’Institut Noesis, institut de recherche et de formation en hypnose ericksonienne, renomme cette proposition comme « intuition du milieu » entre le thérapeute et le client-patient.
Pour elle, le décès de François Roustang, un homme qui n’était pas issu du milieu médical, doit permettre de rendre hommage à un philosophe qui a tant légué aux praticiens de l’hypnose et de l’hypnothérapie en France et dans le monde.
L’Institut Noesis : hypnose ericksonienne, coaching intégratif et art de la communication
L’Institut Noesis a été créé en 2013 pour répondre à un besoin de représenter un certain type d’hypnose et d’accompagnement. En effet chacun se voulant “ericksonien” tout en restant relativement vague sur ce que cela signifie, l’Institut Noesis choisit de redéfinir cette référence pour aider les professionnels à y voir plus clair et leur offrir des formations en adéquation avec leurs attentes.
Concernant son propre travail, Milton Erickson invitait déjà chacun à ne pas le copier et à rester lui-même. Il souhaitait ainsi expliquer au grand public que les bénéfices de l’hypnose thérapeutique ne dépendaient pas de la capacité du thérapeute à appliquer des “méthodes” de communication hypnotiques, pourtant si bien référencées par la PNL, telles que la synchronisation, la gestion de l’espace… mais du rapport “d’être à être”, entre client/patient et thérapeute qui ne se construit pas artificiellement sur commande.
Si on veut bien admettre un instant cette idée centrale d’Erickson, cela veut dire que l’on peut, bien-sûr, modéliser les méthodes et les attitudes d’Erickson, mais que cela doit s’inscrire avant tout dans la découverte de l’abandon de tous les filtres qui nous empêchaient jusqu’ici de regarder autrui, là où il se trouve.
C’est alors une condition essentielle, une posture phénoménologique pour créer un rapport authentique sans quoi aucun accompagnement n’a de chance d’aboutir. Nathalie Roudil-Paolucci annonce :
C’est cela qui, selon nous, avant même sa singularité technique, constitue la pierre angulaire du travail d’Erickson et c’est cette même attitude profondément libre que nous retrouvons chez François Roustang.
Zoom sur un thérapeute hors normes : François Roustang
Si ses techniques pouvaient paraître différentes quelques fois de celles de Milton Erickson, François Roustang a toujours partagé, cette même idée de « dépouillement », la même qui guidait les pas d’Erickson, tentant toujours de créer un rapport avec son patient/client, extrêmement individualisé. Cette capacité à induire une qualité relationnelle si spécifique faisait de François Roustang une personne éminemment ericksonienne !
Le cursus proposé par l’Institut Noesis se veut modestement une tentative d’enseigner à la fois les techniques spécifiques développées en hypnose d’hier et d’aujourd’hui, tout en passant évidemment par Milton Erickson et ses successeurs. Misant beaucoup sur l’art particulier de se diriger vers cet « endroit de l’être », là où se construit l’authenticité du rapport à l’autre, l’Institut Noesis ne propose pas de grilles de lectures, pas de réification, mais un cursus complet et parfaitement bien construit.
Nathalie Roudil-Paolucci précise :
Nous avons conscience que cela prend du temps, que cela demande un engagement envers soi-même régulier et soutenu parfois. C’est pourquoi nous avons élaboré notre cursus selon les critères qui nous semblaient indispensables pour atteindre ces objectifs.
« Quand l’esprit n’est plus occupé de ses soucis, de son savoir, de ses pensées ou de ses angoisses, il est prêt à inverser le présent… Il est tourné vers l’action au-dehors, il est donc prêt à toutes les formes de relations. Parce qu’il a cessé de se préoccuper et de se contempler, il ne perd plus rien de ses forces ou de son intelligence, il les économise pour les investir dans son rapport aux choses ou aux êtres, au monde. Guérir l’esprit c’est entreprendre le réapprentissage du corps. »
F.Roustang, La fin de la plainte
François Roustang, dans son étude sur Socrate, annonce que « se connaître soi-même » n’est finalement qu’une injonction à s’adapter au réel. Se connaître, c’est mener un retour vers un « soi sol » qui s’adapte au monde, en somme c’est « être dans la vie », une posture qui demande un réel travail de mouvement, de recirculation.
Ces pensées, nourries par ses nombreuses études extérieures, constituent la philosophie, le socle, la base, les postulats des formations dispensées par l’Institut Noesis.
Trois cycles pour se former à l’hypnothérapie professionnelle
L’Institut Noesis propose une formation complète, comprenant environ 800 heures de travail et de formation, réparties sur au moins deux ans. Des périodes de formation en présentiel ponctuent un travail personnel de lecture et de travail sur soi.
Cycle 1 de Praticien
Avec le niveau de Praticien il est possible d’ouvrir un cabinet de consultation dans le cadre du développement personnel et de la relation d’aide.
Cycle 2 de Praticien référent
Au niveau de Praticien Référent, il s’agit de développer ses compétences avec des domaines d’expertises de l’accompagnement. Il est ouvert aux praticiens d’autres écoles.
Cycle 3 d’Hypnothérapeute
La formation complète d’Hypnothérapeute professionnel permet d’aborder l’ensemble du paysage de l’hypnothérapie en étudiant des domaines (Théories et méthodes) tels que : psychopathologie, ethnopsychologie, hypnose et psychologie cognitive, psychologie et phénoménologie clinique… Ce cycle d’études supérieures est aussi ouvert aux praticiens d’autres écoles (sur dossier d’admission et validation des acquis).
Nicolas D’Inca et Nathalie Roudil-Paolucci rendent hommage au legs de François Roustang
“L’apport essentiel de François Roustang à la psychothérapie excède le cadre de l’hypnose, pour toucher à un art d’être humain plus fondamental. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce religieux défroqué, ce psychanalyste affranchi, n’a eu de cesse de sortir des cadres institués. Qu’il se tourne vers la philosophie vivante, de Socrate à la phénoménologie moderne, ou plus encore en direction de la pensée orientale bouddhiste et taoïste, il poursuit sa quête vers le dépassement des concepts qui définissent la psychologie occidentale. En témoignent ses œuvres, jalons d’un chemin toujours poursuivi, vers un mystère unique : comment vivre ?
Lors d’un très bel entretien avec Nathalie Roudil-Paolucci, il définissait ainsi la visée d’une thérapie par l’hypnose : amener le patient à éprouver « sa singularité et sa liberté. » En effet François Roustang est celui qui pousse à nous éveiller de tous les sommeils, aveuglements du dogme ou chimères du symptôme. Celui qui, en rendant au corps pleinement habité sa posture juste, ouvre dans la présence. Celui qui d’une parole profonde en apparence anodine, en provenance du silence intérieur, éclaire l’existence d’un jour nouveau. L’héritage qu’il nous a laissé est multiple. Théorique, il propose une vision de l’homme hors du dualisme corps-esprit, qui sclérose les sciences humaines. Pratique, son usage direct, réfléchi et inventif de l’hypnose ericksonienne le place au premier rang de ses continuateurs les plus féconds pour le XXIe siècle. Expérientiel, il a su ramener la rencontre thérapeutique à sa plus simple expression, la présence incarnée de cet être à chaque fois unique, enfin remis à flots dans le courant de la vie.
Ma dette personnelle à son égard est immense, il a littéralement fait exploser les carcans de ma pratique thérapeutique, en l’ouvrant vers un ailleurs chargé de toute la puissance de l’imaginaire, sans jamais pour autant délaisser la présence attentive à la réalité telle qu’elle est. C’est avec les nombreux points d’interrogation qu’il a laissé en suspens, l’intelligence qu’il a suscitée, l’espace qu’il a su rendre à l’hypnose, que chemine dorénavant l’Institut Noesis.”
Nicolas D’Inca Psychologue clinicien, licencié en philosophie,psychothérapeute d’orientation analytique et Auteur de nombreux articles, formateur du 3ème cycle de l’Institut Noesis.
« Je souhaite rendre un grand hommage à la mémoire de François Roustang, dont la vertu a été celle de ne jamais se conformer ni de se laisser conformer aux codes, prenant toujours de la distance avec les théoriciens et les techniciens de l’hypnose thérapeutique, de développement personnel ou professionnel, trop souvent confondus avec l’hypnose de spectacle. François Roustang est celui qui a guidé mes pas et ceux de l’Institut Noesis vers une pratique ouverte et libérée de la « dictature du On ».
En effet, comment se frayer un chemin dans le chaos des dispositifs, des pharmaka, des psychologies, des philosophies, des phantasmes du « qui suis-je » et de la métaphysique (…inaccessible étoile) ? Comment sortir d’une situation dépressive, d’une addiction au tabac, d’un conflit professionnel ou familial ? Comment chacun peut-il reconquérir sa propre parole singulière et ouverte, en même temps, aux possibles qui lui échoient ?
Quand j’ai commencé à me former, j’ai vu si souvent les « sujets » agir conformément aux attentes de l’hypnotiste et des idées reçues selon une coutume de l’hypnose convenue par le maître de formation, lui-même piégé par son appétence à cadencer une séance d’hypnose telle une pièce magistrale et spectaculaire dont le pouvoir et le brillant des suggestions faisaient présumer une métamorphose du client/patient.
J’ai vu les stratagèmes d’aliénation et pourtant, un temps, j’ai dû me plier, me faire croire que des recettes et des protocoles bien appris étaient pourvus d’un pouvoir prodigieux, suffisait-il de les « clamer » avec brio et conviction.
Un jour lors d’une rencontre, François Roustang m’a dit « Milton Erickson, ne faisait pas de PNL ». Alors c’est quoi l’hypnose de François Roustang ?
L’hypnose de François Roustang, c’est une hypnose non limitée par les carcans, non étranglée par la pauvreté des techniques et non orientée par « je veux tout, tout de suite » ; une hypnose qui « déshypnotise » les prisonniers de la société du spectacle. Une hypnose qui ouvre aux infimes perceptions quand lors d’un état différent de conscience le corps s’éveille à tous les possibles.
Admirer l’homme, François Roustang, n’est pas le considérer comme un maître ; il aurait, de toute façon, rejeté cette allégeance ou cette soumission. Admirer son travail, c’est comprendre que l’hypnose thérapeutique est psychodynamique. Les lectures de François Roustang sont incontournables pour tout praticien qui veut comprendre et pratiquer l’hypnose en cabinet de consultation. La conduite dans un état de « perceptude », terme qu’il a emprunté à Jean-Louis Lamande, est la voie royale de la pratique. La perceptude est « marquée par la prise en compte de tous nos liens avec le monde » et avec nous-mêmes. Veille généralisée, elle offre une expérience de vie plus vaste et libérée des clôtures de la veille restreinte du quotidien.
Allons plus loin : avec François Roustang, l’hypnose est une « vigilance » accrue permettant de prendre en compte la totalité des paramètres de l’existence. Si cet aspect de l’hypnose fait sortir des gammes classiques de l’hypnose là où le « silence de la conscience » libère de l’espace, part à la rencontre d’un monde de l’Ouvert – qui cultive l’art d’être soi auprès de ce qui « est » – l’hypnose devient une pratique existentielle.
« Entrer en hypnose – nous dit François Roustang – c’est suspendre ce qui fait le quotidien de nos existences, à savoir nos perceptions, nos sentiments, nos projets et demeurer ainsi dans l’attente à l’exclusion de tout autre attention et de tout vouloir. Ce suspens ne dure pas : il est un passage vers un monde bien que confus, plus riche et plus complexe que celui que nous avons quitté (…). Grâce au suspens effectué, tous les paramètres constitutifs de notre existence sont mobilisés ; nous ne les connaissons pas de manière explicite, mais en nous situant par rapport à eux, nous pouvons : resituer notre existence ».
Il y a quelques nuits le philosophe François Roustang est parti mais il restera pour longtemps un éclairage jamais donné et aussi bien perçu par aucun autre praticien de l’hypnose avant lui. François Roustang a été celui qui m’a permis de découvrir l’hypnose, il est celui qui a donné à l’hypnose ses lettres de noblesses.
Au revoir Monsieur Roustang. Nous continuerons, en toute humilité, à cheminer sur le chemin que vous avez tracé.”
Nathalie Roudil-Paolucci, Directrice de l’Institut Noesis, chercheur (Université Paul Valéry, Montpellier), Superviseur de praticiens.
Pour en savoir plus
Site internet : http://www.institut-noesis.fr
DP : https://www.relations-publiques.pro/wp-content/uploads/dp/DP-Institut-noesis.pdf
Merci à toute l’équipe d’Edissio.
Nathalie Roudil-Paolucci et toute l’équipe de l’institut Noesis, vous souhaitent d’excellentes fêtes.